NBA : le CBA & les aprons : venez, on décrypte
?NBA : le CBA & les aprons : venez, on décrypte
Salary cap, first apron, second apron, free agency, options sur contrats… A chaque intersaison, c’est le même manège avec pêle-mêle : la draft annuelle et la période de free agency mettent les états-majors des franchises NBA en concurrence dans un marché toujours plus strict quand il s’agit de contrôler les dépenses. Le cycle des transactions et les difficultés de construction des effectifs ne vont faire qu'augmenter avec la mise en place complète du nouvel accord collectif de la ligue. Mais la nouvelle règle la plus importante pour les équipes est le « second apron » qui devient un seuil salarial réel à considérer avec des limitations punitives pour celles qui décident de dépenser des sommes importantes. On en a un petit peu parlé dans l’article qui concernait la prolongation de Jamal Murray, notamment.
Alors c’est quoi ce « second apron » ?
Depuis l'accord de 2011 qu'on appelle le CBA (pour "Collective Bargaining Agreement"), la ligue avait seulement un seuil de taxe (qui est devenu le first apron, donc), une limite pour les dépenses au-dessus du plafond salarial (salary cap) et de la taxe de luxe (luxury tax) sans avoir à payer de pénalités supplémentaires qui apportaient également des restrictions. Le second apron est venu s’ajouter à ces limites, fixées au départ à environ 10 millions de dollars au-dessus du first apron pour 2024-2025, qui va handicaper encore plus les décisionnaires des équipes (ce qui porte le total des salaires des franchises à environ 190 millions au total, voir le schéma ci-dessous.
Avant pour une franchise, dépasser le salary cap signifiait que pour chaque dollar au-dessus de la limite il fallait payer un dollar de taxe supplémentaire, en proportion avec les tranches de taxe suivantes ; à ça il fallait ajouter le fait d’être limité à l'utilisation de la « mid-level exception » - un mécanisme de contrat précieux pour les équipes n’ayant plus de marge salariale pour signer des joueurs de rotation. Avec ce dernier accord collectif, les équipes au-dessus du first apron sont désormais limitées et ne peuvent plus dépenser « à perte ». En bref, les équipes ne peuvent pas recevoir plus d'argent qu'elles n'en cèdent ; ce qui veut dire que si des joueurs quittent le navire, les recrues ne peuvent pas gagner davantage que leurs prédecesseurs. Ce n’est pas le cas pour les équipes non-taxées, qui elles ont une marge de 25%. Les équipes touchées par le « first apron » sont également interdites de signer un joueur coupé en saison régulière si son salaire dépasse la mid-level exception de cette année, et c’est loin d’être anodin.
Cette saison, cela a touché pas mal d’équipes : Boston, Denver, Golden State, Miami, Milwaukee, Phoenix, les Clippers… ça fait une petite liste tout de même.
On verra normalement les vrais effets du « second apron » à partir de la saison à venir, avec les équipes au-dessus de ce seuil qui vont perdre toute « mid-level exception ». Elles ne sont pas seulement limitées à l’exigence d’être à l’équilibre strict sur le marché des transferts, car elles auront également l’interdiction d’additionner les salaires de plusieurs joueurs dans d’éventuels « trades ». Par exemple, les Suns envisageaient à un moment d’échanger à la fois Jusuf Nurki? et Nassir Little pour un joueur gagnant 24,8 millions de dollars ; raté. Autre point, le second apron empêche les franchises d’utiliser les « mid-level exceptions » des années précédentes…
Ce qu’on attend, c’est surtout de savoir comment les sanctions du second apron va punir les équipes et comment ça va impacter les intersaisons futures ; on risque de voir des effectifs bâtis de manière… bizarre.
Les équipes sanctionnées par le second apron n’ont pas le droit d’échanger leur premier tour de draft pour les sept prochaines années.
Ainsi, par exemple, si vous êtes sanctionné à la fin de la saison 2024-2025, votre choix de premier tour pour 2032 sera automatiquement gelé et ne pourra pas être échangé. Cela peut sembler un « choix de draft » lointain, mais ces choix sont précieux pour les équipes en compétition qui ont déjà utilisé la plupart de leurs ressources. Les Bucks, par exemple, ont envoyé leur choix de premier tour de la draft 2030 aux Trail Blazers de Portland dans leur trade « blockbuster » de septembre 2023 ; ça leur avait permis d’acquérir Damian Lillard. (erf… ça paraît loin déjà mais ça passe vite hein…).
Et le fond du problème, le voilà : si une équipe reste au-dessus du second apron pendant deux des quatre saisons suivantes, son choix de premier tour à sept ans sera non seulement « gelé », mais il sera automatiquement déplacé en fin de draft - ou au 30e choix. Jusqu'à présent, les boards d’équipes qui luttent pour le titre sont plutôt prêtes à payer diverses luxury tax, voire dépasser le first apron. Si vous vous battez pour le titre et que vous générez les revenus qui vont avec, les propriétaires aux poches pleines seront probablement prêts à payer les taxes, et les bureaux des équipes seront prêts à sacrifier ce capital de draft futur pour le faire. Mais désormais, il y a une nouvelle tendance qui amène les franchises à penser qu’elles n’ont peut-être plus que deux ans pour faire des dépenses ambitieuses avant de serrer la vis, sous peine de se voir retirer le choix de draft dont on parlait plus haut. Deux ans, c’est court pour atteindre ses objectifs sportifs…
Là tout récemment, on peut citer un exemple assez parlant, avec Minnesota, qui a du abandonner KAT (pour Karl-Anthony Towns) aux Knicks. Le timing du transfert et les joueurs impliqués ont tout pour démontrer à quel point Minnesota devenait coincé ; avec le maxi-contrat de Gobert (salaire garanti jusqu’à 2026), Edwards, et KAT, les sommes que Minnesota aurait du payer à cause du second apron auraient tout simplement été dingues pour Minnesota, qui n’avait donc pas le choix. En effet, la franchise n’a pas les mêmes possibilités pour générer du cash grâce à diverses rentrées d’argent commerciales ou autres qui pourraient être liées à une quelconque attractivité du club ou son secteur géographique…
Sur le terrain, ça va clairement se ressentir, même si Julius Randle et Donte DiVincenzo ont fait le chemin inverse. Minnesota passe d’une équipe potentiellement finaliste NBA à outsider avec moins de certitudes, il ne faut pas se mentir.
Côté New York, c’est plutôt une très bonne opération, mais comme on le disait plus haut, il faudra se demander dans deux ans comment ça se passe niveau taxes… pour l’instant la situation éco de la franchise des Knicks semble plutôt, mais il y a quelques gros contrats qui les amène au dessus du first apron… Il y aura pas mal de calculs à faire dans deux ans, et deux ans, on peut considérer que c’est demain.
On verra certainement d’autres mouvements de ce type ces prochaines années ; ça va rebattre les cartes. Les contrats des joueurs seront toujours plus gros, mais les clubs vont réfléchir autrement.
HoopsWriter
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